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Je tiens à remercier ici ceux des habitants d'ALLOUE et de CHARENTE qui ont accepté de m'aider dans mes recherches. YM

5 août 2019

François VINCENT - UN SAGE

Publication du 8 mai 2015






93 ans à ALLOUE !




François VINCENT
3ème partie
Un sage d'ALLOUE




Ensuite, on entamait le tour de la propriété, où François excellait à nous encenser ses plantations, non par vanité, mais par amour de cette nature qui lui était si chère ! Il faut dire que dans ce domaine, François VINCENT était un maître reconnu de tous, ses semences, ses plans et ses greffes faisaient miracle dans les jardins potagers et les vergers de nos concitoyens d’ALLOUE qui louaient ses services.

Le potager était la première ressource vitale de François VINCENT, ses légumes se retrouvaient, chaque midi et chaque soir dans l’assiette à calotte, mais, pas question de trouver dans l’assiette, des tomates toute l'année, et des fraises en janvier ; François VINCENT ne pratiquait pas la "culture" de la consommation du bocal de conserve, bio, "labellisé", de grande surface, il maîtrisait parfaitement la technique de "l’appertisation" et les périodes de disette au potager, les "bocaux maison" sortaient de la cave pour rejoindre le fourneau ; on disait à cette époque, de ces gens-là : ils consomment des "produits naturels", ils vivent de la nature.



Au jardin, François sait aussi, réserver la part belle aux plantes aromatiques et médicinales. François connaît leurs vertus culinaires, et, guérir quelques maux ou bobos, avec une plante bien appliquée, a souvent un effet plus sûr, mais c’est aussi en action de cures préventives qu’il utilise ses infusions, décoctions et macérations, qui lui évitent souvent la consultation du médecin.

Tout au long de la visite, un autre compagnon de François VINCENT, son Coq, le suivait fièrement pas à pas, histoire de nous rappeler qu’il était bien le patron de la basse-cour et qu’il avait l’agrément de son maître.

<< Toute sa vie, François VINCENT s’est adjoint un coq comme compagnon, peut-être par peur d’une panne générale des comtoises, mais je ne pense pas, qu’un seul d’entre eux soit passé à la casserole. >> - (Annette MORINAIS).

Derrière la maison, se trouvaient les rangs de vigne, un second verger et adossé à la maison, s’envolait une autre treille ; cinq ou six ruches complétaient le lieu.

Catalogue Manufrance avec les ruches
L’apiculture était une de ses passions préférées, il récoltait un miel sans pareil : 

<< Il était également apiculteur, détenant 5 ou 6 ruches et à l’époque de la récolte du miel, au mois d’août, je n’étais jamais très loin pour le goutter dans la brèche. Je crois que c’est un peu ça qui m’a donné envie d’avoir des abeilles. >> - (Jacques THIAUDIERE).

<< J’étais trop jeune pour me souvenir de François, comme mon frère aîné, qui passa des après-midi chez lui, j’aurais aimé le connaître et faire un bout de chemin ensemble. Un jour mes parents découvrent à la cave, oubliés, quelques pots de miel de François ; sur le dessus des pots, une couche épaisse, dure, fortement teintée couleur caramel, recouvre le miel liquide, après avoir mélangé cette couche au miel liquide, nous avons dégusté un miel d’une saveur unique. Depuis, ce miel est conservé religieusement, et ne sort du confiturier que les jours d’angines ou de rhumes, pour la grande satisfaction des malades de la famille >> - (Renaud SAVI). 




Ensuite, suivant les services demandés à François, un tour d’atelier s’imposait. 

<< Dans son atelier, c'était la caverne d'Alibaba, il travaillait le bois, faisait des meubles, réparait les Comtoises, les réveils. Combien d'horloge ont eu une deuxième vie en passant dans ses mains>> - (Jacques THIAUDIERE).

Une journée de travail de François, commençait tôt le matin et se terminait pas très tard dans la soirée, dans le lit à rouleau.


Le matin, l’un de ses tout premiers exercices (devrait-on dire loisir) avant d’entamer les travaux de jardinage et d’atelier, était le relevé météorologique ; la température du thermomètre enregistrée chaque jour, à la même heure, était inscrite sur un cahier.


Dans le jardin, une girouette haut perchée, indiquait inlassablement le sens des vents, qu’il notait sur son cahier en fin de journée ; bizarrement, à le regarder aujourd’hui, il me semble que ce brave homme à l’ouvrage, a quelque peu de ressemblance avec François VINCENT, qui, l’a façonné de ses mains.
La girouette de François VINCENT



Le soir, la dernière mission qu’il s’imposait, était à nouveau le relevé de la température, enregistrée elle aussi sur le cahier, avec des annotations très précises sur le déroulé des précipitations et autres données climatiques d’ensoleillement, de brouillard, de gel, neige, canicule, orage et pluie de la journée. Pendant des dizaines d’années, durant sa vie, étaient ainsi consignées toutes ces données journalières, comme une véritable station météo.

Pour tous ceux qui n’ont pas connu d’autre ère que l’ère informatique, ce qui suit, peut sembler dérisoire et un peu passéiste, mais chaque époque, vit sa révolution technologique et c’est pourtant, aux imprimeurs du XIXème que nous devons l’invention des catalogues et du concept de vente par correspondance, qui font les beaux jours d’Internet et que François, serait, j’en suis convaincu, un utilisateur éclairé. Son internet à lui, était un magazine : "LE CHASSEUR FRANCAIS" et l’entreprise "MANUFRANCE" tous deux intimement liés par un même propriétaire basé à SAINT-ETIENNE. MANUFRANCE, créée en 1885, fut la première société de vente par correspondance, spécialisée dans les fusils de chasse, et les bicyclettes de sa marque "HIRONDELLE", elle commercialisait également : des cannes à pêche, des vêtements, des outils, des horloges, des articles électroménagers, des meubles etc … En même temps, MANUFRANCE, inventait le concept de la vente par un "intermédiaire" si cher à la "grande distribution", les articles en grande majorité provenaient de fabricants périphériques , étiquetés et vendus sous la marque "MANUFRANCE" ; le mensuel "LE CHASSEUR FRANCAIS", faisait quasiment le reste à lui seul, pénétrant mensuellement dans les foyers ruraux, là où les magasins faisaient défaut, et le tour était joué ! 




L'ISETTA - Voiturette à trois roues



François a été toute sa vie un lecteur assidu du "CHASSEUR FRANCAIS" et un "aficionado" du catalogue "MANUFRANCE", chez qui il passait régulièrement commande pour satisfaire la quasi-totalité de ses besoins ménager, vestimentaire et d’outillage. 

<< Abonné au magazine "LE CHASSEUR FRANCAIS" et à "RUSTICA" depuis le premier N°, il en conservera la collection complète jusqu’à sa mort. >> - (Annette MORINAIS).

<< François VINCENT, avait fait l’acquisition d’une petite voiturette à trois roues. Sans certitude absolue, il aurait même acheté ce véhicule chez "MANUFRANCE" » en Kit >> - (Jacques THIAUDIERE).


<< Cette voiturette correspondait tout à fait à François VINCENT, pour qui le "matériel", devait être utile et agréable, elle lui permettait de faciliter ses déplacements à petite vitesse, telle une "cagouillarde" ; lui que j'ai souvent entendu déclamer ce proverbe < Mieux vaut arriver trop tard dans ce monde que trop tôt dans l'autre>. >> - (Annette MORINAIS).

<< Cette voiturette à trois roues, était une "ISETTA", véhicule insolite produit dans les années 50 >> - (Christian THIAUDIERE).

François était un parfait autodidacte, personnage atypique, il fait partie de ceux qui n’envisage pas l’acquisition de la "culture" (au sens philosophique), comme seul moyen d’un ascenseur dans la hiérarchie sociale, mais surtout et avant tout, comme un enrichissement culturel et intellectuel , indispensable à son épanouissement personnel . Il plonge ses veillées dans la lecture de livre et magazine, il se cultive dans la pratique de "ses métiers" pour en acquérir la technique, avide de conquêtes intellectuelles, il est sans cesse, jusqu’à ses derniers instants à la découverte de la vie.

François VINCENT est décédé le 2 décembre 1993, à l’âge de quatre vingt treize ans, au centre hospitalier de CONFOLENS, là où il a été transporté, ce matin où il a été découvert, par Anne-Marie CEAUX, sa petite-cousine, allongé sur la tomette de sa maison, comme pour l’embrasser avant de la quitter pour toujours. François VINCENT a ainsi rejoint le PANTHEON de la sagesse.

Oui ! C’est certainement cela, que l’on appelle un sage ! Et à y regarder de plus près, il me s’emble que dans le monde tumultueux dans lequel nous évoluons aujourd’hui, ce qui manque le plus, c’est bien la sagesse de gens comme François VINCENT.

Et puis … Quatre vingt treize ans de vie à ALLOUE, valent bien ces quelques lignes.




Yves MORINAIS
(Collectif)

                                                                                                          


                                                                                                    


Collectif :

Anne-Marie CEAUXJean-Claude GUYOTRené MARTINAnnette MORINAISAlain SAVIRenaud SAVIChristian THIAUDIERE et Jacques THIAUDIERE.








Photos : YM
Rustica, Le Chasseur Français, Jardins et Basses Cours : collection privée







François VINCENT - 93 ans à ALLOUE 1ère partie :






François VINCENT - 93 ans à ALLOUE 2ème partie :



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