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Je tiens à remercier ici ceux des habitants d'ALLOUE et de CHARENTE qui ont accepté de m'aider dans mes recherches. YM

22 novembre 2016

ALLOUE - SOUVENIRS D'ENFANCE

Publication du 6 septembre 2015




Raymond POIRIER

Raymond POIRIER, est né à ALLOUE, le 17 février 1927 dans la maison familiale de la VIEILLE RUE. Il y passe son enfance avec ses parents, Georges POIRIER et Anna (née MARCHADIER) ainsi que son frère Jean et sa sœur Marie-Claire.


Raymond POIRIER nous conte ici, la suite de ses souvenirs d’enfance et d’adolescence à "ALLOUE", là, où il a toujours plaisir à se ressourcer chaque année, au cours de séjours occasionnels et de visites à sa famille et ses amis ; délaissant quelques temps l'Ile de Beauté (où il vit aujourd’hui), pour son village natal.


Le CLOCHER de NOTRE-DAME D'ALLOUE




RAYMOND POIRIER : LE BOURG D'ALLOUE

Mes souvenirs d'enfance et jeunesse

1ère partie :

Premiers souvenirs ...



En 1927, j’ai pointé le bout de mon nez en ce monde, plus précisément à ALLOUE, dans le lit même où je m’allonge encore lors de mes séjours au pays natal.

En ce temps-là, on n’accouchait pas en clinique mais chez soi, ayant mandé médecin ou sage-femme.

1927 est donc la source du ruisselet puis rivière ou fleuve qui peut figurer le cours de ma vie. Je le vois s’étirant derrière moi avec des trajets rectilignes, des méandres et des sautes de niveau. Avec, aussi, des degrés de clarté très disparates atteignant parfois, hélas, le noir total.


Georges POIRIER
Père de Raymond
dans sa menuiserie en septembre 1930
Premiers souvenirs … quels sont-ils ? Sans doute les perceptions initiales : faim, chaud, froid, dur, doux etc. mais je ne saurais dire que j’aie vraiment de tout cela une conscience véritable. Je distingue toutefois quelques fractions du passé fourmillant de sensations visuelles, sonores, olfactives : la vie autour de moi dehors ou à la maison. Tout autre garçon de mon acabit peut, je pense, en dire autant. Dans mon cas, je vais ajouter tout ce qui émanait de la menuiserie paternelle : bruissements des outils, effluves des bois, de la colle chaude, de l’encaustique.


Dans le long courant de ce passé, certains passages à l’horizon émergent en taches diaphanes ou délavées. D’autres aussi, éloignées, surgissent encore claires et vivaces. Je m’efforce ici de dégager les tranches de vie qui constituent ce que j’appellerai "mes souvenirs d’enfance et jeunesse à ALLOUE".

ALLOUE, commune de quelques centaines d’habitants, n’offrait, sur le plan de l’histoire locale, rien de sensationnel. La population, très largement d’origine Charentaise était répartie entre les lieux-dits, fermes, demeures isolées, sur plusieurs kilomètres autour de ce que nous appelions pompeusement "le bourg", avec sa mairie, son église, son école et ses petits commerces.




ALLOUE - LE BOURG, VUE GENERALE


Le coq*
Notre porte donnait, au-delà de la ruelle dite "Vieille Rue", sur le clocher de l’église, au sommet duquel pivotait sans relâche le coq* chargé d’indiquer la direction du vent donc l’évolution probable du temps. C’était notre "service météo". Au début, tout jeune, je me demandais comment et pourquoi ce gallinacé métallique choisissait de se tourner face au souffle de l’air pour le plaisir de nous informer. J’ai parfois imaginé qu’en fixant avec aplomb tel ou tel azimut il incitait bise ou zéphyr à se conformer à cette injonction bénévole.




Double ouverture voûtée du clocher





Par la double ouverture voûtée de "notre face" du clocher, on distinguait une des quatre cloches (les trois autres restant invisibles, muettes et mystérieuses) . Je la voyais se balancer quand elle sonnait. Or, le Vendredi Saint, tout son de cloche disparaissait jusqu’au lendemain, veille de Pâques. On disait alors qu’il ne pouvait y avoir de sonnerie momentanément parce que les cloches s’étaient envolées pour une brève escapade annuelle à Rome. Au début j’y croyais dur comme fer, mais je me demande encore comment je pouvais me persuader de leur absence alors que la seule mise à contribution restait bien visible à sa place. Ce doit être cela que l’on appelle la foi, ce qui m’avait mis la puce à l’oreille, m’amenant à douter de certaines "vérités" prétendues telles du moment qu’on les affirmait très fort.




Raymond POIRIER

Août 2015



                                                                                 à suivre ...



Raymond POIRIER vers 1936






Photos, famille POIRIER : collection Raymond POIRIER
Plan de l'atelier de Georges POIRIER : Dominique RAPION
CPA : collection privée
Photos : YM
Photo de l'intérieur du clocher : Camille SENNAVOINE
Remerciements à Dominique RAPION et à Camille et Michel SENNAVOINE.


Raymond POIRIER : ma "VIEILLE RUE" :




Plan de l'atelier de Georges POIRIER,
Père de Raymond, vers 1940


Façade d'entrée de l'atelier de Georges POIRIER,
dans la "VIEILLE RUE",aujourd'hui





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Cocorico !


*Le coq de son enfance, dont nous parle Raymond POIRIER, un beau jour s’est envolé ! Peut-être voulait il faire une escapade à Rome comme ses colocataires du clocher … les cloches ? Toujours est-il que le coq n’est jamais revenu, amputant le clocher de sa girouette et privant ALLOUE de sa météo locale. Mais, un autre beau jour de l’année 1986, un nouveau coq s’est installé au sommet de l’église, ce nouveau vigile, depuis, sans relâche, comme son prédécesseur, pivote au sommet le plus haut du bourg d’ALLOUE

Georgette n’avait pas manqué de conserver ce morceau de ruban, attaché à la queue du nouveau coq, pour son embauche au plus haut du clocher de Notre-Dame d’ALLOUE. YM





<< Un peu du ruban de la queue du Coq du clocher lors de sa mise en place. Il attendait sur la table du café, remis par le chef de chantier en souvenir de ce jour. Il a longtemps flotté à tous les vents, ce ruban, qu'il a fini par être emporté. >>


Georgette TRILLAUD 1986




14 novembre 2016

METEOROLOGIE POPULAIRE CHARENTAISE

Publication du 1er novembre 2015


ALLOUE

François VINCENT inscrivait sur son registre météorologique, la météo quotidienne du Prat à ALLOUE , où il résidait. C’était son hobby, mais pas simplement un hobby, comme tout agriculteur soucieux de ses récoltes, François avait un don, devrait-on dire une connaissance et une pratique de la prévision du temps, qui contredisait souvent les prévisions des stations météo. Ses prévisions, il les scrutait dans le ciel chargé de cumulus ou autres nimbus, dans l’air du Prat, dans la lune, au lever et au coucher du soleil, dans le comportement des oiseaux et de ses animaux de basse-cour , le grincement habituel d’une porte à l’approche d’un changement de temps et bien sûr celui de ses os et de ses vieilles douleurs.

Toutes ces constatations, vérifiées par nos ancêtres, donnèrent naissance à une multitude de dictons populaires, à valeur de pronostique météorologique et parfois, ou souvent, contredit d’une région à une autre, laissant ainsi le loisir à chacun de faire "sa pluie et son beau temps ".

Voici donc réunis par Marc LEPROUX pour les Études Charentaises en 1969, les maximes de la "météorologie populaire charentaise" du mois de OCTOBRE .



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METEOROLOGIE POPULAIRE
EN CHARENTE



NOVEMBRE 


Novembre, c'est le mois qui décide comment l'hiver se compor­tera. Mois singulier avec ses froidures et ses chaleurs soudaines, si fréquentes, passés les premiers jours de l'été de la Saint-Martin. Pourtant la sagesse populaire redoute cette arrière-saison car il faut avoir : 

« A la Toussaint les blés semés 

« Et tous les fruits bien enserrés. »

Pourtant, il y a quelques exceptions car : 

« Il fait bon semer son grain 

« Quand l'herbe est belle à la St-Martin (11 Novembre). 

(Agris, La Rochefoucauld 1945.) 

Mais il ne faut pas retarder indéfiniment, car : 

« Après la Saint-Clément 

« Ne sème plus ton froment. » (Pougné 1880.) 

Bien entendu, il faut que le travail ait été fait avec soin, car : 

« En Novembre labours sans soin 

« Ne font récolter que du foin. » 

Voilà donc le cultivateur prévenu s'il ne veut pas récolter l'herbe. Il doit savoir aussi que : 

« A la Sainte-Catherine (25 Novembre

« Tout bois prend racine. » (Agris, Sonneville 1945.) 

C'est donc le moment de faire ses plantations et tout particulièrement les boutures de peuplier. 

Le mauvais temps n'est du reste pas à redouter car : 

« De la Toussaint à l'Avent 

« Jamais trop de pluie ou de vent. » 

Et même : 

« Si Novembre tonne 

« L'année sera bonne. » 

Pourtant, l'hiver qui s'est déjà annoncé ne vient pas sans hésitation et : 

« Si l'hiver va droit son chemin. 

« Vous l'aurez à la Saint-Martin (11 Novembre). » 

Mais : 

« S'il n'arrête tant, 

« Vous l'aurez à la Saint-Clément. » (23 Novembre). 

A moins que : 

« S'il ne trouve quelque encombrée 

« Vous l'aurez à la Saint-André. » (30 Novembre). 

De toute façon, les grands travaux doivent être terminés car 

« La Toussaint venue 

« Quitte ta charrue. » 

Et 

« A la Saint-Clément 

« Ne sème plud de froment » (Agris 1943) 

Il est prudent de prendre ses précautions pour passer son hiver :

« A la Sainte-Catherine 

« Fais de la farine. » 

Et l'on pourra arroser son pain du jus savoureux de la treille car : 

« A la Saint-Martin, bois le vin 

« Et laisse l'eau au moulin. » 

« A la Saint-Martin 

« On tire le vin. » (Poitou, Ruffecois, Agris 1943). 

On pourra ainsi passer convenablement les veillées car : 

« A la Saint-André la nuit 

« L'emporte sur le jour qui suit. » 

Pourtant, à Coulgens, on constatait que les jours diminuaient encore : 

« A la Sainte-Catherine (25 Novembre

« D'un pas de géline. » (Eugène Précigout, vers 1885.)







Photos : YM
CPA : collection alloueblogspot
Etudes Charentaises Avril, Mai, Juin 1969 : collection alloueblogspot
L'Agriculture Nouvelle N° 1314 22 novembre 1919 : collection alloueblogspot



Météorologie populaire Charentaise :


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