Publication du 23 fevrier 2015
Les ponnes de Benest
Le sujet a été abondamment traité, notamment par Léonide Babaud-Lacroze, mais il n'est peut-être pas inutile d'ajouter, à tout ce qui a été vu d'assez loin, le témoignage de quelqu'un qui est né à moins de 200 m de la « Fabrique » des ponnes, qui n'en était séparé pendant toute son enfance que par deux jardins aux murs écroulés qui n'étaient pas un obstacle, qui accédait quand il voulait à la Fabrique par la prairie du Brandit particulièrement chère à son souvenir, de quelqu'un qui entrait souvent, en revenant de l'école, en la boutique du débonnaire Auguste Perrin où l'on faisait des ponnes, ou qui regardait longuement les Malapert, le père et les deux fils, préparer l'argile et fabriquer des ponnes, qui regardait en s'éveillant l'énorme panache de fumée noire du four de la fabrique, qui a joué à cache-cache dans le vieux four des ponnes, s'est chauffé le soir et a appris ses leçons à la grabole des potiers, qui a vu dans la maison familiale et dans le voisinage l’importante lessive, a la <<bujade>>dans la ponne de Benest.
Essayons donc d'évoquer la <<bujade>> et l'industrie des ponnes mortes l'une et l'autre il n'y a guère plus d'un demi-siècle lorsque triomphèrent les lessiveuses en tôle galvanisée elles-mêmes supplantées aujourd'hui par les machines à laver.
La ponne de Benest est d'une couleur voisine de celle de la fonte. on ne peut la confondre avec aucune autre, notamment avec celle de couleur ocre jaune ou rouge qu'on trouve en Charente-Maritime par exemple.
Essayons donc d'évoquer la <<bujade>> et l'industrie des ponnes mortes l'une et l'autre il n'y a guère plus d'un demi-siècle lorsque triomphèrent les lessiveuses en tôle galvanisée elles-mêmes supplantées aujourd'hui par les machines à laver.
La ponne de Benest est d'une couleur voisine de celle de la fonte. on ne peut la confondre avec aucune autre, notamment avec celle de couleur ocre jaune ou rouge qu'on trouve en Charente-Maritime par exemple.
On ne la fabriquait qu'à Benest et elle se répandait fort loin dans tout le Poitou surtout, car si Léonide Babaud-Lacroze, administrativement, a raison d'inclure Benest dans le Confolentais, cela n'est guère vrai qu'à partir de la Constituante ; l'Angoumois étant trop petit pour former un département. Il a fallu ajouter d'importantes portions de Saintonge et de Poitou dont Benest.
Les vieilles chartes disent : « Benays en Poitou » et la paroisse dépendait de l'abbaye de Charroux. Le patois local est rigoureusement poitevin alors que celui du Confolentais est limousin.
Benest est situé à mi-chemin entre Ruffec et Confolens, à 20 km environ de l'un et l'autre de ces deux chefs-lieux, à 14 km de Charroux que se partageaient l'Abbé et le Comte de La Marche. La commune limitrophe de Châtain (5 km de Benest) est dans la Vienne. Benest est sur la rive gauche de la Charente légèrement en amont du Moulin de l'Ane Vert où notre petit fleuve commence cette incursion dans la Vienne qui se développe au Nord jusqu'à Civray.
Les ponnes, aujourd'hui ornements des jardins et des terrasses où elles meurent rapidement parce qu'on prend trop rarement les précautions qui s'imposent contre le gel, furent jusqu'à la fin du XIXème siècle un ustensile ménager de première importance.
Dans la ponne, on faisait la lessive (on disait « la bujade »), une fois l'an dans la plupart des familles, deux fois dans d'autres suivant l'importance numérique de la famille et suivant sa plus ou moins grande aisance. Il fallait posséder un stock de linge important, de l'ordre de 24 draps par lit, sans compter le menu linge.
On fabriquait des ponnes plus petites ou ponneaux, (on disait « panou » comme on disait « pannes » et non ponnes) avec lesquelles on pouvait faire de petites lessives plus fréquentes en attendant les grandes lessives annuelles ou semi-annuelles. Les voisins apportaient, à charge de revanche, leur petit paquet de menu linge, cette coutume permettait d'attendre plus commodément sa propre lessive.
La ponne était installée soit à demeure dans un chai sur un socle de maçonnerie soit d'une manière amovible sur un socle de bois.
Elle communiquait avec la chaudière placée au-dessus du feu sur un trépied de fer pour l'installation amovible ou sur un fourneau en briques dans les installations permanentes par un conduit en bois qui portait le même nom que l'ouverture inférieure de la ponne : « la trute ».
La trute était une sorte de gouttière en bois extérieurement pleine sur 15 à 20 cm pour s'adapter à la trute de la ponne.
On fermait ce conduit par une baguette de bois entourée d'un chiffon à son extrémité.
La "trute" |
<<le jean >>.
Ainsi étaient supprimés le bouchon de chiffon au bout d'une baguette et le risque grave de débordement de liquide bouillant.
Fernand PINGANNAUD
1969
à suivre ...
Source : Etudes Charentaises N° 12 Mai et Juin 1969 (collection privée)
Photos : YM
CPA : collection privée
BENEST autrefois |
Les ponnes de BENEST 2ème partie :
Les ponnes de BENEST 3ème partie :
http://alloueblogspotcom.blogspot.fr/2015/04/benest-les-ponnes-de-benest.html
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