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Je tiens à remercier ici ceux des habitants d'ALLOUE et de CHARENTE qui ont accepté de m'aider dans mes recherches. YM

19 septembre 2019

ALLOUE - VOYAGE EN FRANCE

PUBLICATION DU 17 JUIN 2014



Victor-Eugène Ardouin-Dumazet, est un journaliste français, né le 12 janvier 1852 et décédé en 1940. Rédacteur d’un tour de FRANCE en 70 volumes, dont un,  le volume 15 : « Centre Ouest – CHARENTES – plaines POITEVINE », comporte un chapitre consacré au CONFOLENTAIS et une page sur ALLOUE, qu'il visite en septembre 1898. C’est l’extrait consacré à ALLOUE, de son livre de 380 pages, "Voyage en France",qui est retranscrit ci-dessous.




Le Confolentais - Voyage en France vol 15




ARDOUIN-DUMAZET






VOYAGE EN FRANCE



SEPTEMBRE 1898



ALLOUE








La CHARENTE, en amont de BENEST, roule ses eaux profondes, d’un bleu sombre, au fond d’un vallon dont les collines sont parfois à pic. Dans cette étroite fissure est le bourg d’ALLOUE, centre le plus peuplé de la haute vallée. A l’entrée, vers CONFOLENS, une ferme a conservé la tourelle et la porte crénelée d’un château*. La rue principale est large, bordée d’auberges et de cafés. L’église est un petit bijou de l’époque romane ; elle est, sur la marge du Limousin, comme l’avant-garde des admirables édifices romans qui couvrent l’Angoumois. Le Portail, d’un cintre très pur, rompt avec l’austère simplicité des temples des environs d’ANGOULEME et de BLANZAC. C’est une profusion de sculptures d’un goût peut-être un peu maniéré, si on les compare aux détails si sobres des grandes lignes architectoniques. Cependant, l’ensemble est charmant.

ALLOUE dépassé, on traverse, jusqu'à l’humble ruisseau du Trançon, des campagnes couvertes de prairies et de terres labourées ; au sommet des coteaux des châtaigniers forment de beaux groupes, mais à peine le ruisseau franchi, on pénètre sur un plateau fortement ondulé, couvert de bruyères, d’ajoncs et de genêts ; dans les creux dorment de petis étangs...



*La ferme dont nous parle Ardouin-Dumazet, est le château de l’Age.









Voyage en France d'Ardouin-Dumazet : collection privée
CPA : collection privée



ALLOUE - VUES DU CLOCHER DE L'EGLISE D'ALLOUE

PUBLICATION DU 14 MARS 2014

VUES DU CLOCHER DE L'EGLISE 
NOTRE-DAME D'ALLOUE

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1959/1960 et 7 avril 2007

Voici publiés quatre clichés photographiques, deux situés entre 1959 et 1960, les deux autres du 7 avril 2007. Ces quatre photos ont été prises du haut du clocher de Notre-Dame D'ALLOUE.

Sur cette photo ( 1959/1960 ) prise en direction de la mairie, on distingue au premier plan le toit et la cheminée du prieuré, à droite des arbres plantés devant la grande maison "MERCIER", sur la place, les anciennes halles, l'hôtel des 3 Piliers et au dernier plan de l'image, la mairie

Le cadrage de cette photo de 2007,  varie légèrement de la première. On distingue sur celle-ci, le carrefour de la route d'EPENEDE avec en angle la maison "POIRIER" qui en 1960 était une épicerie. Les arbres devant la maison "MERCIER"  ont disparus et son remplacés par les toilettes publiques et la cabine téléphonique. Sur la place, les halles, elles aussi, ont disparus.

Ce troisième plan de 2007 nous donne une vue d'ensemble du point de vue du clocher sur la route d'EPENEDE. Au premier plan, la maison "POIRIER", à gauche la maison "MERCIER" ; en parallèle de la maison "POIRIER", on distingue le carrefour de la route d'EPENEDE et de La Vieille Rue


Ce dernier cliché de 1960 est un point de vue du clocher de la route de CONFOLENS. Sur cette photo les peupliers n'ont pas encore été plantés dans le champ du milieu à droite.



Photos de 1959/1960 : collection Claude GUYOT
Photos du 7 avril 2007 : collection Camille et Michel SENNAVOINE
Remerciements à Claude GUYOT et à Camille et Michel SENNAVOINE.



CPA - ALLOUE

OH ! QU'ELLE EST BELLE MA CHARENTE

PUBLICATION DU 9 MARS 2014










ALLOUE EN 1914

Publication du 20 février 2014       


ALLOUE EN 1914 
Première partie




     Monsieur Emile VILDARD, est né à ALLOUE, le 19 décembre 1901, Il a passé son enfance et son adolescence dans la commune. Rentré dans la vie active, il s'installe à POITIERS et exerce une activité professionnelle de voyageur de commerce. A la fin de sa vie, il réside à nouveau à ALLOUE, à l'ancienne poste dans un premier temps et ensuite dans un appartement des écoles d'ALLOUE. Il est décédé le 4 mai 2000 à l'âge de 99 ans à CAEN.
Ce sont ses mémoires de jeunesse de 1914, qu'il nous conte ....


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          Les lignes qui vont suivre ne sont qu'une évocation, que j'ai voulue aussi exacte que possible des souvenirs de mon enfance.
ALLOUE

          Né à ALLOUE en 1901, j'ai été témoin des conditions de vie des gens de la campagne au cours de cette période qu'on a appelée "La Belle Epoque". J'ai lu, je ne sais où, qu'un rescapé de la période révolutionnaire avait dit : << Il n'a pas connu la joie de vivre, celui qui n'a pas vécu en France avant 1789>> . Je suis certain d'être l'interprète de tous ceux qui ont connu ce début de siècle et qui sont maintenant disparus, en écrivant aujourd'hui : il n'a pas connu la joie de vivre celui qui n'a pas vécu en FRANCE en 1914.


ALLOUE - La rue principale
          ALLOUE était alors une bourgade d'une certaine importance ; chef-lieu d'une commune de 1400 habitants, sur la route départementale n° 7, de CONFOLENS à RUFFEC. Située dans une vallée assez étroite, la plupart des maisons de la rue principale sont construites parallèlement au cours d'eau qui l'arrose, la CHARENTE. Les voyageurs qui y arrivent pour la première fois et de quelque côté que ce soit sont toujours surpris de ne découvrir ce petit pays qu'en apercevant la première maison.



Portail de l'église Notre Dame d'ALLOUE
          Au milieu du bourg se trouve l' église romane construite au XIème siècle ; cette église dépendait de l'Abbaye de CHARROUX ; des moines habitaient alors la maison contigue désignée aujourd'hui "ancien Prieuré". Après la guerre de 1914, elle fut classée monument historique. Les Beaux-Arts en modifièrent l'intérieur en effaçant complètement les peintures murales et en détruisant les 24 stalles en chêne qui étaient destinées aux moines assistant aux offices. Lorsque j'étais enfant, les moines ayant depuis longtemps disparu, les hommes les occupaient de préférence dans la mesure des places disponibles, 12 de chaque côté.

L'intérieur de léglise
        
  Le dimanche, l'église était remplie de fidèles ; tous les paroissiens n'étaient pas à la messe, mais presque toutes les familles étaient représentées. Le curé résidant, l'abbé DUMAS qui est resté plus de quarante ans à ALLOUE, était secondé par un vicaire. Il y avait en outre un sacristain, un chantre et un bedeau. Ce dernier avait une double fonction : il avait à entretenir le jardin du presbytère et à soigner le cheval qui servait à notre vieux curé dans ses déplacements ; le dimanche, il avait à veiller à ce que la jeunesse qui assistait à la messe se tienne au moins correctement. A l'occasion des grandes fêtes, il y avait la grande foule et de belles cérémonies, les jeunes filles sous la direction de Mademoiselle Marie-Louise MERCIER, excellente musicienne, constituaient une chorale à laquelle j'ai moi-même participé en certaines occasions.



L'école - La Mairie
         Lorsque Jules FERRY institua l'instruction obligatoire, il fallut construire une école. Si nous devons manifester notre reconnaissance à celui qui fût un des grands et honnêtes hommes de la IIIème République, nous pouvons aussi la manifester à ceux qui firent construire cette école. L'emplacement choisi le fut avec beaucoup de discernement ; elle est aujourd'hui un monument imposant qui honore la commune. Comme toutes les constructions de l'époque, elle se compose d'un bâtiment central dans lequel se trouvent le logement des instituteurs et la Mairie. De chaque côté sont accolées deux ailes moins élevées, destinées à recevoir les écoliers, les garçons d'un côté, les filles de l'autre. Il y a deux classes par bâtiment, les enfants étant classés en catégories, les grands et les petits. Il y avait environ 35 élèves par classes, aussi la discipline était de rigueur. Cependant nos maîtres étaient aimés et respectés, car nous comprenions bien que le travail qu'ils faisaient n'était pas de tout repos et que leur dévouement était encore plus grand que leur sévérité.


          J'ai passé l'examen du certificat d'études le 8 Juin 1914. Nous étions cinq candidats. A partir de la rentrée qui suivit les vacances de Pâques, nous allions tous cinq à l'école le jeudi pour y passer un examen simulé. Le soir du 8 Juin, à l'appel des résultats notre instituteur, Monsieur Emile MERCIER, eu la satisfaction d'entendre trois de ses élèves enlever les 3 premières places du classement ; j'étais le troisième. Cette récompense était méritée, car il nous fallait travailler sans cesse. Le matin, à 8 heures, rentrée en classe et, après avoir regagné nos places respectives, nous devions jeter un coup d'oeil sur le tableau noir où était inscrite une maxime dans le genre suivant :
                    Fais ce que tu dois, advienne que pourra
                    Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît
                    Le menteur est le cousin germain du voleur
                    La rouille use plus que le travail
et beaucoup d'autres dont l'énumération serait fastidieuse.
Classe de Monsieur Emile MERCIER vers 1913
          Après une courte dissertation, nous avions un cours d'instruction civique le lundi et le vendredi ; le mardi, le mercredi et le samedi problèmes d'arithmétique. A 10 heures, récréation d'un quart d'heure, puis rentrée à nouveau pour réciter nos leçons d'histoire ou de géographie, ou exercice d'écriture et quelquefois de dessin. A midi, ceux qui n'étaient pas punis au pain sec, partaient déjeuner et revenaient à 1 heure. Il y avait alors soit une dictée, soit un exercice de composition française ; après un quart d'heure de récréation, nous reprenions nos places : lecture ou calcul mental terminaient la journée scolaire. En dehors des deux quarts d'heure de récréation, il nous fallait travailler sans relâche et personne n'aurait osé protester ; les instituteurs avaient la confiance et le soutien des parents et le surmenage scolaire dont on nous rebat les oreilles aujourd'hui n'aurait été admis ni par les uns, ni par les autres.


Documents de l'étude de Maïtre BACHELLERIE de 1922
          Il y avait aussi un Notaire, Maître BACHELLERIE, qui habitait sur la place. A cette époque les Français étaient rigoureusement libres de vendre ou d'acheter, le seul intermédiaire entre le vendeur et l'acheteur était le notaire dont la présence était indispensable, étant seul habilité pour dresser les actes. Les organismes parasitaires qui pullulent aujourd'hui étaient complètement ignorés. Le vendeur se rendait chez le Notaire pour l'informer de son intention de vendre, le public en était avisé par voie d'affiches sur lesquelles étaient indiquées tous les renseignements pouvant intéresser les acheteurs éventuels, nature des éléments à vendre, immeuble, terrains, prairies ou terres labourables et leur contenance, et bien entendu, la mise à prix. Tout se passait le plus honnêtement du monde et je n'ai aucun souvenir qu'il y ait eu discussion après accord définitif entre les deux parties. Le Notaire avait aussi un second rôle, il conseillait et facilitait les prêts ou emprunts à condition que les clients intéressés soient sérieux, honnêtes et solvables.


 La famille POIRIER devant la menuiserie dans la vieille rue, vers 1911

        Il y avait à ALLOUE, 5 épiciers, 2 cordonniers, 2 sabotiers, 2 tailleurs, 1 coiffeur chapelier, 2 charpentiers, 3 menuisiers, 3 maréchaux-ferrants, plusieurs maçons. Ces derniers qui éprouvaient l'hiver des difficultés pour travailler, devaient compenser la perte prévisionnelle qui pouvait s'ensuivre en faisant l'été des journées aussi longues que le jour le permettait.

La chapellerie route d'Epenède
          Il y avait en outre, 3 magasins de tissus et de "nouveautés" ; l'un d'eux, de peu d'importance, était tenu par mes parents, ce qui permettait à ma mère qui était couturière, de vendre le tissu qu'elle devait ensuite transformer en tabliers ou en chemises. Le plus important était tenu par les BRENICHOT qui habitaient la maison où vient de s'installer un plombier. Ces BRENICHOT, 2 frères et 2 soeurs célibataires, étaient riches, étant d'autre part propriétaires de deux fermes, VERRINE et l'AGE-DIOT. Les deux soeurs travaillaient sans relâche comme couturières elles ne sortaient jamais, étaient d'une avarice sordide. Quant aux deux frères, l'aîné s'occupait du jardin, mais lui-même ne fréquentait personne. Seul, le plus jeune "Monsieur LOUIS" était un bon vivant et vivait comme un prince, se bornant à visiter ses métayers. Il y avait donc le 3ème magasin de tissu tenu par un autre frère et qui était situé où se trouve l'ancienne boucherie POUVREAU. Un autre frère, le 6ème, tenait le café qui appartint plus tard à MOREAU.
Une charrette à ALLOUE avec ses roues ferrées par le charron.
          Les BRENICHOT étaient nombreux, deux frères, cousins des précédents et grand-père et oncle de mes excellents amis, Pierre et Marc BRANCHE, étaient charrons. Ces deux vieillards, véritables artistes, nous émerveillaient par leur habileté et leur résistance au travail ; quel que soit l'outil qu'ils aient en main, lourd comme le marteau du forgeron ou léger comme la plane*, ils savaient s'en servir avec une précision et une dextérité remarquables. Nous aimions surtout les regarder lorsqu'ils se préparaient à ferrer des roues de charette. Ce travail consistait à faire chauffer pendant plusieurs heures les ferrures, c'est à-dire d'énormes cercles de fer pour les dilater, car ayant le même diamètre que les roues dont les éléments avaient été assemblés, il était indispensable que ces cercles gagnent un centimètre ou deux pour entourer les roues. Cette opération réalisée, ils arrosaient abondamment pour obtenir un tel resserrement des cercles surchauffés que même à l'usage aucune disjointure ne se produisait.


                                                                                                 LE 17 AVRIL 1985 

                                                                                           Emile VILDARD 


                                                                                                           à suivre ...

Une plane


*Outil très ancien utilisé depuis les temps les plus anciens par les gens du bois, charpentiers, charrons, tonneliers, menuisiers.* La plane est un outil complet, très efficace pour dresser un plan, écorcer, ou bien "casser"(chanfreiner) les angles vifs d'une poutre, mettre au rond une pièce de bois carrée ( ex: chevilles de charpente ). L'outil est maintenu par ses deux poignées et tiré vers soi, dans le sens du bois.Tout le poids du corps peut ainsi être utilisé pour les travaux de dégrossissage pour un rendement maximum alors qu'en finition, la plane, peut également s'avérer très précise, dégageant des copeaux d'une incroyable finesse.



François VINCENT dans son atelier au "PRAT" dans les années 1970
Malgré la mauvaise qualité de cette photo on distingue correctement les planes sur le mur du fond



ALLOUE EN 1914, deuxièmme partie :

ALLOUE EN 1914 : troisième partie :
http://alloueblogspotcom.blogspot.fr/                                                                                                         



Photos : Yves Morinais - Collection Raymond Poirier
CPA : collection Privée
Archives BACHELLERIE : collection privée
Remerciements à Raymond Poirier et Dominique Rapion


ALLOUE EN 1914

Publication du 9 mars 2014



ALLOUE EN 1914 
Deuxième partie


     Monsieur Emile VILDARD, est né à ALLOUE, le 19 décembre 1901, Il a passé son enfance et son adolescence dans la commune. Rentré dans la vie active, il s'installe à POITIERS et exerce une activité professionnelle de voyageur de commerce. A la fin de sa vie, il réside à nouveau à ALLOUE, à l'ancienne poste dans un premier temps et ensuite dans un appartement des écoles d'ALLOUE. Il est décédé le 4 mai 2000 à l'âge de 99 ans à CAEN.
Ce sont ses mémoires de jeunesse de 1914, qu'il nous conte ....


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Les lignes qui vont suivre ne sont qu'une évocation, que j'ai voulue aussi exacte que possible des souvenirs de mon enfance.


Emplacement de l'abattoir de la boucherie 
RAMADE en 1914, route d'EPENEDE.
Le portail marron était 
l'entrée
de l'abattoir et c'était sur la petite
place que l'abattage 
avait lieu,
à la vue du public.
     La boucherie RAMADE se trouvait dans la vieille rue. Le jeudi de chaque semaine, nous assistions à l'abattage d'un boeuf. L'animal auquel on avait mis un masque de cuir très épais était amené à l'abattoir, la corde par laquelle on l'amenait était passée dans une boucle fixée au sol, puis enroulée autour d'un treuil pour que la bête ait la tête penchée en avant et soit dans l'incapacité de faire un mouvement ; puis, on introduisait dans le masque, au milieu du front, une tige de fer creuse et coupante sur les bords de laquelle on appliquait un coup de maillet d'une telle violence que cette ligne tige pénétrait dans la cervelle de la victime qui s'écroulait en une fraction de seconde. Ensuite, l'animal était saigné et de sa gorge largement ouverte, s'échappait un torrent de sang recueilli dans une cavité destinée à le recevoir. L'abattage ne se limitait pas à sacrifier un boeuf par semaine, quelques veaux et plusieurs moutons étaient également égorgés en quantité bien supérieure aux besoins de la clientèle, aussi la plupart d'entre eux étaient expédiés à Paris pour être consommés dans la capitale ; seul le porc hebdomadaire était débité sur place.
Scène d'abattage au grandes manoeuvres de 1908
La boulangerie DUPRAT de 1914 route d' EPENEDE,
deviendra la boulangerie de Jean et Yvette SOULAT
en 1953, successeurs d'Abel RIBOT
    Le boulanger DUPRAT ne faisait pas son pain lui-même. Il avait du personnel (1 mitron) pour exécuter ce travail assez pénible ; il fallait en effet pétrir la pâte à la main et chauffer le four au bois. Si le travail était dur, le pain était bon. La farine était livrée par des minoteries régionales ; on pouvait avoir toute confiance sur la qualité du produit. Le boulanger faisait une tournée tous les jours pour ravitailler les habitants des villages et même de certaines communes voisines. Les clients ne payaient pas tous leur pain au comptant ; pour comptabiliser leur dette, on avait recours à un procédé assez curieux : avec une tige de noisetier de 30 centimètres environ et divisée en deux dans le sens de la longueur, on obtenait deux baguettes identiques et en les appliquant 



Sorte de panier en osier recouvert d'une toile de lin, dans lequel repose 
la pâte à pain de 4 livres, pétri par Jean SOULAT ,
boulanger à ALLOUE de 1953 à 1995 


l'une contre l'autre, elles étaient reconstituées dans leur dimension et leur forme primitives. Divisées ainsi, le boulanger et son client en conservaient chacun une partie sur lesquelles était inscrit le nom du client. Lorsque ce dernier achetait un pain de 4 livres, il donnait sa baguette au boulanger qui l'appliquait sur le double en sa possession et y faisait une encoche avec son couteau. Au moment du règlement, il suffisait de compter ces encoches pour connaître le total des pains de 4 livres achetés par le consommateur.


                                                                                       LE 17 AVRIL 1985 

                                                                                           Emile VILDARD


                                                                                               à suivre ....


La "TAYE" était le nom de la comptablilité du boulanger autrefois. 


ALLOUE en 1914, première partie :


Photos : Yves MORINAIS et collection Yvette SOULAT
CPA : collection privée
Remerciements à Yvette SOULAT 



ALLOUE EN 1914

Publication du 9 avril 2014




ALLOUE EN 1914 
Troisième partie


Monsieur Emile VILDARD, est né à ALLOUE, le 19 décembre 1901, Il a passé son enfance et son adolescence dans la commune. Rentré dans la vie active, il s'installe à POITIERS et exerce une activité professionnelle de voyageur de commerce. A la fin de sa vie, il réside à nouveau à ALLOUE, à l'ancienne poste dans un premier temps et ensuite dans un appartement des écoles d'ALLOUE. Il est décédé le 4 mai 2000 à l'âge de 99 ans à CAEN.
Ce sont ses mémoires de jeunesse de 1914, qu'il nous conte ....

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     Les lignes qui vont suivre ne sont qu'une évocation, que j'ai voulue aussi exacte que possible des souvenirs de mon enfance.


L'Hôtel des 3 Piliers et l'Hôtel de la Place

Il y avait 3 hôtels : l'Hôtel de la Poste, l'Hôtel de la Place et l'Hôtel de 3 Piliers, 2 cafés-restaurants et un café (BRENICHOT) dont j'ai déjà parlé. 
En arrivant de CONFOLENS, le premier café-restaurant était tenu par Mr et Mme VILLENEUVE, personnes aimables et de grand service avec lesquelles mes parents entretenaient de très amicales relations. Une enseigne était fixée au mur ; elle avait la forme d'un tonneau et un peintre, poète à ses heures, avait écrit : 
                                                   
                                                       " Ou allons-nous ?
                                                        Chez VILLENEUVE, boire un coup"


Emplacement du café "Chez VILLENEUVE en 1914"

Bal dans un village de CHARENTE - La Bourrée
La vie était assez calme dans la semaine ; le dimanche, il y avait bal, cependant beaucoup de jeunes filles des villages n'y faisaient qu'une courte apparition ; il leur fallait en effet, regagner assez tôt la maison paternelle pour conduire les brebis au pacage. Elles s'y rendaient allègrement, certaines préférant d'ailleurs être en compagnie de leur galant, tapies derrière un buisson dont la discrétion leur était assurée, que de sautiller dans une salle de bal.

Les hôtels, en semaine, ne connaissaient pas la grande foule ; cependant, il était rare qu'il n'y ait pas de clients. A cette époque, il y avait une quantité de voyageurs de commerce et certains d'entre eux séjournaient quelques jours à ALLOUE où ils trouvaient un gîte pour eux et surtout pour leur cheval.



ALLOUE vue du ciel - Les Halles et la Place
Par contre, le 23 de chaque mois, il n'en était pas de même. C'était jour de foire à ALLOUE et l'occasion de se rencontrer pour y traiter des affaires. De nombreux paysans y amenaient leurs veaux. Il y avait même un emplacement réservé pour eux. Les acheteurs, marchands de bestiaux pour la plupart, étaient aussi rusés que les vendeurs. Aussi la vente donnait-elle sujet à de longue discussions ; les transactions foraines se traitaient encore en écus et en pistoles ( l'écu valait trois francs, la pistole, dix francs). Il était amusant de voir de braves paysans, presque tous illettrés, traduire avec une étonnante facilité, en écus et en pistoles, les sommes à encaisser ou éventuellement à payer, suivant qu'elles étaient divisibles par 3 ou par 10.


Marché conclu.
Une fois le marché conclu, les deux parties se frappaient dans les mains fort vigoureusement ; cette coutume valait une signature, et il n'y avait pas à y revenir. Le règlement se faisait en espèces ; l'usage des chèques était non seulement inconnu, mais même imprévisible, comme tant de chose du reste. Les marchands de bestiaux, vêtus sur le foirail de la blouse traditionnelle qui était, en quelque sorte, l'insigne de leur fonction, sortaient de leur poche un portefeuille énorme, attaché par une chaîne à leur veston. Cette précaution était nécessaire pour éviter ou la perte, ou le vol. Ce portefeuille contenait quelques billets de 50 ou 100 francs et aussi des louis d'or de 10 et 20 francs, le tout pouvant atteindre quatre ou cinq mille francs, somme fabuleuse à l'époque.




Un marché aux porcs
Le marché aux porcs n'avait pas d'emplacement réservé, leur quantité étant de beaucoup supérieure à celle des veaux et aussi en raison de leur diversité. Les porcelets étaient amenés en carriole, les porcs maigres également, sauf ceux qui n'avaient à parcourir qu'une distance à portée de leur moyen ; il y fallait pourtant énormément de patience. Il y avait aussi quelques porcs gras ( 1 porc de 100 kg coûtait 100 francs environ) ; ils étaient en général achetés par des particuliers pour la consommation familiale. Cette acquisition permettait alors de faire des réserves de petit salé, de pâté et de grillons délicieux ; un jambon pendu pendant quelques jours dans la cheminée pouvait ainsi acquérir une qualité et un goût incomparables.


La mort du cochon
Il arrivait parfois que les porcelets ne soient pas tous vendues ; ceux qui l'étaient devaient être transbordés dans la carriole de l'acheteur ; cette opération se faisait sans difficulté. Il en était pas de même pour les porcs maigres. Les faire grimper dans une charrette n'était pas chose facile. Pour y réussir, il fallait 3 hommes, deux se plaçaient de chaque côté de la bête, le saisissant par les oreilles, le troisième le prenait par la queue ; ensuite, coordonnant leurs efforts, l'animal était hissé dans la voiture en poussant des cris déchirants.
Le marché aux volailles se tenait devant l'ancien prieuré ; la vente de ces bestioles était réservée aux paysannes qui n'avaient droit qu'à cette seule ressource pour acheter soit un "devantau" (tablier) ou un "caraco" (corsage).


                        LE 17 AVRIL 1985
                                                      
                 Emile VILDARD

                                à suivre ...





















CPA et illustrations : collection privée
Photos : YM 

ALLOUE en 1914 - Première partie : http://alloueblogspotcom.blogspot.fr/2014/02/vildart-1.html

ALLOUE en 1914 - Deuxième partie : http://alloueblogspotcom.blogspot.fr/2014/03/vildart-2.html
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