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Je tiens à remercier ici ceux des habitants d'ALLOUE et de CHARENTE qui ont accepté de m'aider dans mes recherches. YM

10 novembre 2019

MARIA CASARES, UNE PAYSANNE CHARENTAISE A ALLOUE

Publication du 18 mars 2014



En 1971, Eric DE GOUTEL, journaliste de télévision, réalise un reportage à LA VERGNE, résidence charentaise de Maria CASARES, à l'occasion de la diffusion du film de Jean COCTEAU, "Orphée", sur le petit écran.



Héroïne d'Orphée 



Maria CASARES filmée par Jean COCTEAU



Maria CASARES
 est devenue paysanne charentaise


Une cocotte, un chat, une cuisinière ( à bois ou à charbon ), 
un moulin à café qui ne sont pas des accessoires de théâtre.



Au bord de la CHARENTE, une grande bâtisse couverte de tuiles romaines et construite sur les douves d'une ancienne forteresse. C'est là, à LA VERGNE, que l'on peut découvrir une étonnante Maria CASARES, très différente de la comédienne que nous venons de voir dans << Orphée >> et que nous reverrons dans le << testament d'Orphée >>. << Ici, dit-elle, j'oublie tout ce qui se passe ailleurs. Je deviens une "brute". Il y a tant de choses à faire dans une propriété comme celle-là que chaque soir, je m'endors exténuée ! >> Maria CASARES a eu le coup de foudre pour LA VERGNE il y a onze ans. Depuis, elle essaie d'y vivre le plus possible : trois ou quatre mois par an . Elle n'abandonne cette vie de paysanne charentaise que pour jouer les rôles qui lui plaisent, comme celui, bientôt, d'une femme qui veut devenir pape dans un 
film du metteur en scène italien MINGOZZI. Maria CASARES n'a pas la passion du cinéma. << Sauf avec COCTEAU, dit-elle. Sous sa direction, on avait l'impression de réinventer le film >>. Son véritable amour, c'est le théâtre. << En trente ans, avoue-t-elle, j'ai toujours eu des rôles très lourds, mais passionnants. Depuis deux ans, je travaille pour le festival de Châteauvallon. Jean GILBERT a mis en scène pour moi << La Célestine >> de ROJAS, une pièce de KLEIST. Et puis, cet hiver, je vais jouer Roxane dans "Bajazet", au Petit Odéon. Cela ne me laisse guère le temps de faire de la télévision, pourtant, j'aimerais ... surtout une émission en direct.

Maria CASARES n'ignore rien de l'art du rémouleur. Elle affûte ses couteaux avec autant de soin que ses répliques.


Une brouette de maïs pour l'hiver. A Paris, en faisant griller ces épis, Maria se souviendra de sa terre de LA VERGNE





L'état de cette coupure de presse, ne permettant pas une lecture correcte sur le Web, c'est délibérément que j'ai retranscris ce reportage pour qu'il soit lisible et compréhensible de tous. Ce document ne comporte aucun nom de publication et de date, seuls, la signature du journaliste spécialiste de la télévision, Eric DE GOUTEL et le nom du photographe, Jean LENOIR, sont mentionnés. Il s'agit très certainement d'un magazine de télévision.


Toutes informations concernant ce document seront les bienvenus.
Contact : alloue.blog@orange.fr



Photos : Jean LENOIR et Yves MORINAIS
CPA : collection privée
Remerciements : à feu ma belle-mère, Georgette TRILLAUD, pour son attachement à ALLOUE qu'elle a su me transmettre et à son esprit de conservation.

La Vergne :
http://alloueblogspotcom.blogspot.fr/search/label/Alloue%20-%20La%20Vergne



ALLOUE - Galerie de portraits :

http://alloueblogspotcom.blogspot.fr/search/label/Alloue%20-%20Galerie%20de%20portraits


ALLOUE - CHEZ PAIRE

Publication du 26 juillet 2015







"CHEZ PAIRE"





Un petit ensemble de curiosités 



Chez Paire : ce nom de lieu-dit, figure sur la carte de Cassini de 1750 avec cette même orthographe, cependant, de vieux Allousiens se souviennent l’avoir toujours vu écrit "Chez Père" tel qu’il est mentionné sur la plaque de bord de route, devant une maison et antérieure aux deux autres situées aux extrémités du village. Mystère non élucidé, d’autant que le nom de lieu-dit "Chez Paire" est unique en France !







La pompe à eau, numérotée "3092" gravé dans la fonderie est du 19°, sur une dalle de pierre, elle chevauche un puits accessible par une petite porte en bois, sur sa droite trois marches permettent de la gravir aisément et facilite son utilisation, surtout pour les enfants dont la corvée leurs revenaient souvent ; située en bord de route, elle devait certainement, en plus de satisfaire les besoins en eau quotidiens des habitants du village, être la bienvenue pour les gens en voyage qui la croisaient sur leur chemin. Aujourd’hui cette pompe et son puits sont enveloppés dans un écrin de verdure qui par ironie du sort semble bien souffrir de la soif en cette période de canicule, tout comme cet abreuvoir recouvert d’herbes pâlottes et qui n’a pas vu la couleur d’une goutte de l’eau de sa fontaine, pourtant si proche, depuis belle lurette.








Quant au four à pain, également du 19°, situé à quelques mètres de la fontaine, au dos de la maison et visible du bord de route, il n’a quant à lui, très certainement plus montrer ses "miches" aux voyageurs, depuis la même époque, où la pompe a cessé d’abreuver la communauté du village. 





L’ensemble, reste un morceau de patrimoine insolite, qui ravivera la curiosité et l’imaginaire du promeneur autour d’une époque révolue.



N° 3092



La pompe et ses trois marches

Photos : YM



LA POMPE A EAU DE LA ROUTE D'EPENEDE


ALLOUE - LES JOURNEES DU PATRIMOINE





AU CHATEAU DE L'AGE

LE VANNIER


AU CHATEAU DE L'AGE 
ET AU PRIEURE


DENTELLIERE AUX FUSEAUX


AU CHATEAU DE BEAUCHENE





A LA VERGNE 
LA MAISON DU COMEDIEN
MARIA CASARES





Samedi 23 novembre 1996











MARIA CASARES PIERRE BRASSEUR
LES ENFANTS DU PARADIS 1945



ALLOUE AUTREFOIS - ANAÏS ET ANDRE


JANVIER LE MOIS DU BIG BISOU

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ANAÏS UNE STAR LOCALE

LA PREUVE EN IMAGES

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ANAÏS (84 ans) ET ANDRE (77 ans) 

EN 1970 à LA ROCHE




Cliquez sur la flèche pour visionner le film


André FERRERO, Anaïs MARET,
Emmanuel et Annette MORINAIS




Super 8 et photo : YM






LIRE OU RELIRE :




"ANAÏS" ...

UNE STAR LOCALE :


CONTE DE NOËL - LA FÉE DE MAGNERIT

Publication du 12 décembre 2015








CONTE DE NOËL 

LA FÉE DE MAGNERIT 

ou la merveilleuse histoire de deux enfants d’Aunac. 



Le coteau de Magnerit touche à l'une de ses extrémités à la commune d'Aunac et, en la contournant en différents points, on arrive à plusieurs autres communes, toutes petites, mais riches par leur sol fertile et les bras vaillants de leurs paysans.

Vers 1640, par un jour de Noël, froid, mais sec et ensoleillé, une enfant blonde et douce, emmitouflée dans ses blanches fourrures, suivait le gai sentier qui longe le coteau. A quelques pas d'elle, son frère, un grand garçon de quatorze ans, le chapeau de travers, la mine éveillée, faisait tourner avec dextérité un roseau très souple qu'il tenait à la main. Depuis un instant, ils marchaient ainsi, insouciants, inconscients, mais heureux de courir la campagne, d'être libres, d'aspirer à pleins poumons l'air pur de la prairie.

Laissons-les cheminer tranquillement et disons un peu qui ils sont et comment va se passer pour eux cette fête de Noël à la fois si poétique, si mystérieuse, et toujours empreinte de je ne sais quoi qui remet en scène les fées endormies, les baguettes merveilleuses, les esprits gais et malins dont les contes d'antan chantent sur tous les tons les prodiges magnifiques.

Ils sont nés tous les deux à Aulnacq où leur père, Jehan-François de Voluyre,

seigneur de Mortagne et autres places, habitait un fort joli manoir féodal. Ce manoir était construit sur un petit plateau entre Aulnacq et Chenommet. La Charente murmurait à ses pieds et un joli bois de chênes, de buis et de noisetiers le dominait par derrière. La Charente coule toujours paisible dans son lit et le petit bois que nous appelons la Garenne dresse encore ses cimes vertes.au-dessus du petit chemin qui conduit au village de la Côte. Seul, l'édifice féodal a disparu. La tempête révolutionnaire l'avait épargné; un de nos habitants l'a fait démolir, vers 1860, pour en vendre les matériaux. Il n'en reste plus que les souterrains dont les chauves-souris et les crapauds se disputent l'humide abri.


Jehan-François de Voluyre avait épousé, en 1627, Marie Destivalle. Ils eurent un grand nombre d'enfants dont nos deux jeunes gens sont les aînés. Marguerite, un peu moins âgée que son frère, est grande et gentille. Elle eut pour parrain René de La Rochefoucauld, seigneur de Bayers, et pour marraine, sa tante, Marie de Voluyre, dame de Moutonneau. C'est chez cette dernière qu'ils se rendent ensemble pour passer la veillée de Noël. Charles est un robuste garçon, plus fort que gracieux; niais son air est bon, il a déjà l'air brave. Même, parfois, sa soeur le réprimande pour la témérité avec laquelle il franchit les fossés, escalade les buissons.



Ils sont arrivés, sans que Marguerite s'en soit aperçue, à un endroit du coteau où l'on remarque l'orifice d'un creux célèbre que l'on nomme encore, clans notre pays, le creux des fades, mais qui ne fait plus peur à personne. Il n'en était pas ainsi vers 1640. Marguerite de Voluyre, en particulier, en avait une peur bleue. Sa grand-mère, Anne Bouchard d'Aubeterre, lui avait conté maintes fois, en l'endormant sur ses genoux, certain conte très effrayant, dans lequel il était dit qu'un petit paysan, ayant volé deux pommes au prieur de Lichères, avait été enlevé par une vieille et enfoui clans le redoutable creux par la fée vengeresse.

Une autre fois, la bonne Marie Destivalle, sa mère, lui avait dit qu'une jeune fille, au baptême de laquelle on avait oublié de convier la fée maussade, avait été poursuivie, sa vie durant, par ce mauvais esprit et avait dû, pour goûter quelque repos, chercher un refuge dans la tour d'un vieux château où elle était encore, vivant solitairement sous la garde de son ange gardien.

D'un autre côté, un pèlerin, auquel ses parents avaient donné asile, avait raconté devant elle que, près du roi Louis treize, se trouvait un homme redoutable, se rapprochant de Dieu même par la science et le pouvoir. Cet homme, c'était Richelieu. Richelieu savait tout, comprenait tout, devinait tout : « Quand il voulait pénétrer quelque mystère, ajoutait le voyageur, il se retirait dans un cabinet noir, dont il faisait sept fois le tour. Là, il parlait seul, tantôt debout, tantôt à genoux. La reine-mère, qui le haïssait et qu'il avait autrefois confessée, s'était risquée une fois à aller écouter à la porte du mystérieux cabinet. Elle avait entendu des fées faisant siffler leurs baguettes, des gnomes remuant leurs trésors, des sylphes aux voix aériennes, des ondines secouant sur la dalle sonore les gouttes de rosée dont_ elles ruisselaient. Les esprits passaient tour à tour devant le grand ministre, lui apportant les nouvelles des provinces.



« Richelieu sortait du cabinet noir le front plissé, les yeux flamboyants et apprenait à Louis treize, stupéfait, ce qui se passait au pays de France. Même un jour, paraît-il, un nain malicieux avait découvert au cardinal soupçonneux le secret espionnage de Marie de Médicis. Et, sans merci pour elle, sous prétexte de raison d'état, le ministre omnipotent l'avait fait exiler à Blois. » 

Ces chroniques historiques, dénaturées par l'imagination d'un aventurier errant cherchant à escompter la crédulité et l'ignorance de ceux qui l'hébergeaient, avaient impressionné vivement les enfants, et c'est agitée par de telles idées que Marguerite de Voluyre vit soudain apparaître à son regard le terrible creux des Fades. Elle demeura figée à sa place, les yeux fixés, absorbée dans sa terreur.

Tout à coup, une lumière éclatante couvrit le rocher; le terrible creux des Fades devint une magnifique porte cochère dont la clef était d'or, les clous de diamant, les panneaux de lames d'argent. Un oiseau de paradis se posa sur cette clef et la porte s'ouvrit toute grande.

Elle aperçut alors l'intérieur d'un palais féerique. Les murs étaient des glaces; les têtes de cheminées, des fanaux étincelants; les fenêtres, des baies ensoleillées dont les rideaux étaient faits de nuages bleus argentés. Des oiseaux au plumage brillant volaient en chantant, et les fées, comme des ombres, glissaient sur les mosaïques roses des parquets. Elles étaient vêtues de robes rouges à paillettes d'or. Leurs baguettes magiques les suivaient partout; leurs fronts, couronnés de roses, étaient sereins et leurs bouches souriantes.

L'une d'elles, soulevant, avec une branche de lilas blanc, une draperie étoilée, se montra soudain toute blonde et toute rieuse. Elle jeta autour d'elle un regard inquisiteur qu'elle arrêta sur la « damoiselle d'Aulnacq». En même temps, une voix douce comme une, caresse murmura : « Approchez, mes enfants; je suis la fée du Coteau, douce et bienfaisante. Ma vie se passe à réparer le mal que font les méchants et à avertir les hommes des dangers qui les menacent. J'arrive du ciel où Dieu m'avait appelée. Voyez, il m'a mis au front une étoile, marque de la confiance qu'il m'accorde, et, au coeur, tout son amour pour le répandre sur les êtres des lieux où s'exerce mon pouvoir. En plus, il a rempli ma baguette magique de cadeaux de Noël pour les enfants, et c'est par vous que je vais commencer ma distribution. Allons, tendez la main. »

Alors la bonne fée, saisissant gracieusement la flèche d'or qui traversait ses cheveux blonds, en toucha légèrement la main tremblante des deux frères. Aussitôt une harmonie céleste emplit l'air, un tourbillon de roses effeuillées tournoya un instant et s'envola dans un nuage. La fée du Coteau avait disparu et les enfants de Voluyre considéraient, étonnés, le cadeau qui venait de leur être fait d'une si étrange façon. Ils avaient reçu chacun un oeuf rouge avec cette inscription en lettres d'or : « A ouvrir demain matin. »


Charles
et Marguerite cachèrent soigneusement leur cadeau et reprirent, tout songeurs, leur promenade interrompue.

Quand, le lendemain, ils prirent congé de la dame de Moutonneau, leur tante, ils avaient hâte d'arriver à Aulnacq pour ouvrir les oeufs merveilleux. C'est d'une main tremblante que Marguerite brisa le sien. Il s'en envola aussitôt une petite colombe blanche sur l'aile de laquelle la fée avait écrit : « Suis-moi. >> Et, par de petits cris, par des mouvements réitérés, impatients, elle appelait sa jeune maîtresse. L'enfant curieuse la suivit. L'oiseau traversa les vastes cours, les sous-sols, les corridors sombres, gravit l'escalier tournant d'une tour étroite et s'arrêta enfin sur un palier obscur. De lourdes portes bardées de fer conduisaient à des prisons ou l'on enfermait parfois des ennemis et des malfaiteurs. La colombe courut à la porte la plus épaisse et gémit douloureusement. Une plainte humaine répondit.

Marguerite de Voluyre s'était bien aperçue que son père avait des prisonniers; mais c'étaient généralement des captifs de guerre qu'il gardait fort peu de temps et la voix qu'elle entendait était une voix d'enfant, une voix jeune et désespérée.

L'oiseau toucha du bec, en gémissant toujours, les gonds rouillés de la massive porte qui, lentement, glissa sur la pierre humide et laissa béante l'ouverture du cachot. Alors une spectacle navrant s'offrit aux yeux de mademoiselle de Voluyre : Sur un escabeau de bois, une jeune fille de son âge, belle comme elle, pleurait amèrement. Ses cheveux blonds et fins tombaient, sans culture, sur ses minces épaules, encadrant sa figure d'un très bel ovale. Ses yeux noirs, agrandis par la souffrance, brillaient clans l'ombre du cachot.

La jeune Marguerite fut tirée de ses réflexions par la joie subite qui succéda aux larmes de la prisonnière. Elle pressait sur sa poitrine le cher petit oiseau qui la sauvait et, entre l'enfant et l'oiseau, c'était un échange, touchant de tendresses infinies.

« Ma tourterelle mignonne, comment es-tu venue ? Qui t'a révélé ma prison? Qui l'a ouverte pour me rendre à la liberté? Car je suis libre, n'est-ce pas, noble demoiselle ? C'est injustement que je suis ici. Votre mère est bonne, dit-on; n'a-t-elle point encore obtenu grâce pour moi ? Nous n'avons pas caché de récoltes, comme on l'a dit à votre père. Votre intendant a prélevé la part de son maître et l'a gardée, sans doute. Messire Gros, le vicaire, a pris aussi la sienne. Je vous le jure, il ne nous reste rien. »

Marguerite, surprise et attristée, écoutait. Elle se ressouvint alors de la fée du Coteau et de ses paroles : » Ma vie se passe à réparer le mal que font les méchants », et la lumière se fit dans son esprit. L'esprit bienfaisant se servait d'elle comme d'un instrument pour faire le bien. Et, heureuse du rôle qui lui était dévolu, elle prit la prisonnière par la main et l'entraîna dans les appartements du haut et puissant seigneur d'Aulnacq. Celui-là se trouva courroucé à la vue de sa fille donnant la main à sa captive. Mais sa colère tomba soudain devant le sourire de l'une et les larmes de joie de l'autre. On lui conta l'histoire et la colombe, toujours investie du pouvoir de la Fée, se mit à voleter, faisant signe au seigneur de la suivre.

Elle le conduisit dans un des souterrains du château où l'infidèle intendant cachait le fruit de ses vols. Justice se fit. L'intendant prit, dans le cachot, la place de la jeune fille qui, cachant son oiseau dans son sein, courut au vieil Aulnacq, dans une pauvre masure où son arrivée remplit de joie sa malheureuse famille. Thoinette Durand, sa mère, la reçut dans ses bras et écartant ses cheveux d'or, dit, en la baisant au front : » Enfant bénie, avec toi revient le bonheur. Il est bien vrai, allez mes petits, que les rêves que l'on fait- pendant la nuit de Noël se réalisent sûrement dans la suite. J'ai rêvé, moi, qu'un ange délivrait votre soeur et la voilà de retour. »



Revenons maintenant au seigneur Jehan de Voluyre. Le récit de sa fille l'avait fort ému et c'est tout rêveur qu'il descendit au grand salon de réception où plusieurs hauts personnages l'attendaient. Il les trouva tous très attentifs au récit que le jeune Charles leur faisait au sujet de l'oeuf rouge qu'il venait d'ouvrir.

Au moment où il l'avait brisé, il en était sorti une épée magnifique, dont la lame longue et effilée était faite de l'acier le plus pur. Rien qu'à voir son tranchant brillant, on se sentait frissonner. La poignée était d'or. Autour d'elle s'enroulait avec grâce une branche de chêne dont les feuilles, qui étaient d'argent, portaient chacune une inscription. On y lisait : Que je te serve à défendre le faible ! — Blesse-toi et tu sauras ce que les autres sentent. — Le règne du fort finira s'il persécute le faible. — Le serf et le seigneur sont fils de Dieu. — Le riche et le pauvre sont les rois de la terre. — Le grain de blé appartient à l'oiseau et au laboureur. — Sous le vieux sol gaulois, la liberté fermente. Le paysan servile deviendra tigre au jour de la revanche. — Quand le jus du raisin bout, le fût vole en éclats, etc., etc…



A mesure que l'enfant parlait, le silence se faisait plus profond. Les vieux châtelains se dressaient plus graves dans leurs grands fauteuils; madame Suzanne de La Rochefoucauld replaçait ses vertugadins; messire Corgnol, seigneur de Courcôme, secouait nerveusement sa lourde perruque poudrée, tandis que Charlotte des Coubleaux, quittant irrévérencieusement sa place, s'approchait de l'enfant de Voluyre pour admirer la belle épée.

<< Que pensez-vous de cette aventure, puissants seigneurs ? Qu'a voulu faire la fée du Coteau ? Que veut-elle nous prédire par ces inscriptions ? Un orage nous menace-t-il ? Quelque malin esprit se moque-t-il de nous ? s'exclama subitement monseigneur Louys de La Rochefoucauld. — Il me semble voir l'avenir gros d'orages, soupira la demoiselle de Cherge. — Le paysan opprimé va peut-être relever la tête ? insinua Philippe de Corgnol. Faisons des dons aux églises pour apaiser le ciel. Laissons le laboureur jouir de sa récolte. Partageons nos biens avec les pauvres. » Chacun exprimait sa pensée. Seul, le vicaire d'Aulnacq n'avait rien dit. « Que pense de cela messire Gros ? objecta Marie Destivalle. — Noble dame, répondit le vicaire, le noble est fort de son droit et les biens dont il lui plaît de disposer appartiennent à l'église. Dieu le veut ainsi, parce que son ministre, côtoyant la misère, peut mieux la soulager. » Charles de Voluyre, prenant alors une coupe de maître Palissy, recueillit les offrandes et les déposa entre les mains du vicaire.



Pendant les jours qui suivirent, on s'étonna, au pays d'Aulnacq, des libéralités du vicaire et du seigneur. Marie Destivalle et ses filles, cédant à leur nature généreuse, distribuaient l'or à pleines mains. Mais, peu à peu, le temps jeta sa poussière sur les inscriptions de l'épée. Jehan de Voluyre les oublia, redevint absolu et sévère. Il réprimanda même son fils Charles qui paraissait trop s'en ressouvenir.

Mais, quoi qu'il ait pu dire, l'enfant avait été frappé et chaque fois qu'il rencontrait un jeune paysan de son âge, suant sur son travail, il regardait en soupirant ses mains trop blanches; le rouge de la honte lui montait au front, tandis qu'il murmurait tout bas : « Pourtant il est mon frère, la Fée l'a mis sur mon épée. »



Quant à Marguerite, elle donnait aux pauvres ses riches vêtements dans lesquels elle n'était plus à l'aise, cueillait les fleurs de ses parterres et les partageait entre la chapelle de son château et les jeunes filles de ses domaines. Elle ne rencontrait jamais la jeune fille qu'elle avait délivrée sans lui faire l'aumône d'un doux regard et d'une bonne parole.

Marie Destivalle, depuis la Noël la Fée du Coteau s'était manifesté à ses enfants, ajoutait chaque soir une prière de plus à ses longues oraisons. 




                                                                                         Mme M-L LAMIAUD

                                                                                                Institutrice

                                                                                            Décembre 1920









CPA : collection privée
Source : Etudes locales. Bulletin de la Société charentaise des études locales



Sorcellerie à Champagne-Mouton :

http://alloueblogspotcom.blogspot.fr/2014/07/sorcellerie-champagne-mouton.html

ALLOUE - SOUVENIRS D'ENFANCE

Publication du 28 octobre 2015




Raymond POIRIER



Raymond POIRIER, est né à ALLOUE, le 17 février 1927 dans la maison familiale de la VIEILLE RUE. Il y passe son enfance avec ses parents, Georges POIRIER et Anna (née MARCHADIER) ainsi que son frère Jean et sa sœur Marie-Claire.


Raymond POIRIER nous conte ici, la suite de ses souvenirs d’enfance et d’adolescence à "ALLOUE", là, où il a toujours plaisir à se ressourcer chaque année, au cours de séjours occasionnels et de visites à sa famille et ses amis ; délaissant quelques temps l'Ile de Beauté (où il vit aujourd’hui), pour son village natal.





RAYMOND POIRIER : LE BOURG D'ALLOUE

Mes souvenirs d'enfance et jeunesse

3ème partie :

La Frairie - Les Ecoles




Manège de chevaux-de-bois autrefois
Et comment ne pas revivre la "Frairie" de nos jeunes années, annuelle fête foraine du mois de mai ? Tapi au cœur bigarré des chevaux-de-bois et pousse-pousse, le limonaire consciencieux pliant et étirant en accordéon de longues bandes de carton perforé, égrenait ses notes vibrantes qui voltigeaient en vagues pulpeuses et aigrelettes jusqu’à nos oreilles émerveillées. C’étaient des sons insolites, tellement plus envoûtants – parce que rares et éphémères – que les résonances quotidiennes de notre campagne.

Dans l’air planaient les relents sucrés et anisés, chauds et poisseux des berlingots, tandis que claquaient sèchement les carabines aux stands de tir sur cibles en carton, pipes en terre blanche et balles de ping-pong frétillant, espiègles, au sommet d’un filiforme jet d’eau.






Et ces jeux maintenant désuets, parfois simplistes avec une nuance de rudesse puérile : course à pied (en inconfortable tenue de ville), concours de grimaces, course en sac (fertile en chutes), course à l’œuf (ce dernier niché périlleusement sur une cuillère au manche calé entre les dents), course à la grenouille, avec brouette convoyant le batracien souvent récalcitrant et malmené jusqu’à l’éventuelle ligne d’arrivée. Et puis ce fameux "jeux de massacre"

qui me procurait des frissons de malaise : un pauvre bougre, affublé d’un rouge nez de clown, assis à quelques mètres, était, cible vivante et innocente, exposé au tir le plus violent possible de solides gaillards qui bombardaient de balles de chiffons roulés en boules bien tassées, certainement compactes et lourdes. S’il en encaissait une "en pleine poire", le public était plongé dans une euphorie indicible. J’avoue que ça ne me distrayait guère, imaginant les appréhensions et tourments de la victime.




Quand, au deuxième jour, tous les forains pliaient bagages, nous demeurions comme orphelins, bien esseulés et encore un peu étourdis.

En dehors des distractions nous disposions d’une école. Les locaux de celle d’Alloue étaient de conformation traditionnelle : de part et d’autre de la mairie s’élevaient l’école des garçons et l’école des filles (pas de dangereuses promiscuité !). Le toit de l’ensemble était fait d’ardoises et non de tuiles locales (ce qui est encore les cas).

Les enfants d’aujourd’hui parlent de cours préparatoire, cours moyen etc. mais pour nous il s’agissait seulement de "petite école" et "grande école", chacune comptant deux ou trois "divisions". Chaque salle était pourvue d’un poêle de fonte à tuyau de tôle, qui carburait au bois pendant les hivers, généralement froids. C’était évidemment une chance que de bénéficier d’un pupitre près de ce calorifère.


Alloue - Classe de Raymond POIRIER


L’instituteur que j’ai eu le plus longtemps, jusqu’au "certif ", M. Lanlaud, était originaire des pays de Loire. Il se montrait strict, méthodique, mais ne faisait pas régner la terreur. Il fallait travailler sérieusement et ne pas se distinguer en faisant le pitre. Son épouse enseignait de l’autre côté, chez les filles – quant aux élèves, il y en avait de toutes sortes, avec des résultats variés, mais nous entretenions entre nous de bonnes relations de camaraderie, ce qui n’excluait pas quelques brouilles ou disputes occasionnelles sans aucune gravité. Autrement dit, ce n’était pas une ère violente.

En fin d’année, au moins une fois, nous avons bénéficié d’une séance de cinéma. Rideaux noirs tendus aux fenêtres, écran blanc plaqué au mur, appareil de projection actionné à la main avec une manivelle au doux grésillement.


C’est là que j’ai découvert, en muet noir et blanc sous-titré, outre le duo Laurel et Hardy, le génial Charlie Chaplin, di "Charlot", dont le regard limpide et profond m’avait médusé, exprimant, en dehors des scènes purement comiques, des situations de désarroi et de tristesse.Bien des années après, j’ai croisé ce même Charlie Chaplin en promenade familiale (avec sa femme Oona O’Neil et leur petite Géraldine) dans une rue secondaire presque déserte un dimanche après-midi à Paris, (près de leur hôtel je suppose). J’ai retrouvé aussitôt ce même regard toujours intense et émouvant.





Raymond POIRIER

Août 2015



                                                                                 à suivre ...





Course à l'oeuf







CPA collection privée
Photo de la classe de 1938 : collection René MARTIN
Remerciements à René MARTIN et Dominique RAPION





Raymond POIRIER : souvenirs de mon enfance :



Raymond POIRIER : ma "VIEILLE RUE" :





Classe de Raymond POIRIER en 1938 :

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