DE SAINT-OUEN A ANGOULEME
---------
PETITE HISTOIRE D'UN PARISIEN
EN CHARENTE
![]() |
| Le bal de la Marine |
![]() |
| Le bar-tabac de la mairie de SAINT-OUEN |
Comme un cagouillard, j'ai avancé pas à pas, tranquillement, observé, écouté, interrogé, en bref, je me suis intéressé à la culture et aux coutumes du Charentais. Ma première prise de contact avec le sol Charentais, pourtant, avait été assez "Space". C'est à l'âge de 18 ans, un beau matin d'octobre 1969, que tôt, je pris le métro Parisien à la mairie de SAINT-OUEN, haut lieu du "NEUF TROIS",
en direction de la gare d'Austerlitz, pour prendre le train et rejoindre ma "belle Charentaise" ; là, où m'attendaient de pied ferme, les parents de ma dulcinée auxquels elle devait me présenter. La Charente, en dehors de mes livres de géo ... connaissait pas !, ALLOUE ... jamais entendu parler! … avant de connaître ma Charentaise et ses COUSINES, qui faisaient rêver mes copains Parisiens, au Bal de la Marine, sur le quai de la seine dans le XVe arrondissement de PARIS. Entre nous, petite confidence, ont les appelaient ces belles brunes ... "les Italiennes" ! Ce matin, me voici en avance, comme d'habitude (de parisien), sur le quai de la gare d’Austerlitz à attendre mon train, direction ANGOULEME. C'était un jour de semaine, pourtant le quai était bien rempli de voyageurs et ce qui m'interrogeait le plus, c'est que la quasi-totalité de ceux-ci étaient tous à peu près de mon âge ! Allaient-ils tous comme moi, rejoindre une belle Charentaise "Italienne" ? Je compris très vite que tout ce beau monde était en route pour la Braconne, célèbre caserne d'ANGOULEME. Le train était bondé d'appelés du contingent, en partance pour effectuer leurs 18 mois de service obligatoire. L'ambiance dans ce train était particulière, certains faisaient la fête, d'autres la tête et certains même avaient les larmes qui coulaient, ayant très certainement, jamais quittés papa et maman. Les PM (police militaire) arpentaient discrètement les couloirs, en veillant à la bonne conduite de tous ces jeunes, sans trop intervenir, laissant à tous, le temps de savourer les derniers instants avant l'en-casernement.
Moi, dans mon coin, interrogé sans cesse par mes Co voyageurs sur ma vision des choses, ne cessait d'expliquer que mon voyage avait une autre destination que la leur. Je pensais ... imaginais ... rêvais … ALLOUE. Je m'inquiétais aussi du "comment" allait se passer ma rencontre avec ma future belle-famille. Il faut dire que ma Charentaise m'avait fait part des interrogations de ses parents à mon sujet : << A-t-il les cheveux longs ? ... Fume-t-il ? ... que font ses parents ? ... etc ... >>. Manque de chance, j'avais la totale ! Je fumais, j'avais les cheveux longs comme tous les fans des STONES, pour le reste, mes parents étaient d'accord ... arrête de fumer, fais-toi couper les cheveux, répétaient-ils inlassablement ... surtout ma mère. Le temps s'écoulait dans un brouhaha qui s'amplifiait au fur et à mesure que les liens entre les uns et les autres se créaient, à l'approche d'ANGOULEME, quand tout à coup la vitesse du train ralentit et les haut-parleurs grésillèrent, ANGOULEME ! ... ANGOULEME ! ... ANGOULEME !
La tension montait d'un cran, dans les couloirs encombrés de toute cette bleusaille, qui guettait par les fenêtres les quais, sur lesquels étaient alignés les PM et les soldats du contingent, déjà enrôlés et chargés d'encadrer les nouvelles recrues. Les "vannes" fusaient sur le quai, où l'on entendait chambrer tous ces crânes rasés sous leur casque, "coiffeur ! ... coiffeur ! ", en direction des nouveaux incorporés, qui, comme moi, pour la grande majorité, n'avait pas fréquenté un coiffeur depuis bien longtemps (avec toutes mes excuses COLETTE). Je me sentais poussé, ma valise serrée sur ma poitrine entre mes bras, le long du couloir, vers la porte du wagon.
J'atterris sur le quai je ne sais comment et me dirigeant en direction de la sortie de la gare, je sentis une main ferme me happer et me tirer par le bras en arrière ; tournant la tête, je m'aperçus que c'était un des troufions ! Et une voix agressive me dit << où vas-tu, toi ?, vas t'aligner avec les autres ! >> ; sur le quai, les militaires regroupaient les nouveaux arrivants pour l'incorporation et les canalisaient vers les camions débâchés de l'armée stationnés devant la gare. Surpris par cette intervention je balbutiais quelques mots incompréhensibles à mon interlocuteur, celui-ci insistait lourdement, << vas te ranger là-bas avec les autres ! >> insistait-il. Ayant repris mes esprits, je tentais d'expliquer, que je n'étais pas incorporable et que j'étais à ANGOULEME pour convenance personnelle.
Devant notre entêtement commun, un PM, sentant le ton monté entre nous, vint à la rescousse de mon troufion en mal de gloire. Le PM finit par accepter de m'écouter et une fois vérifié mes papiers d'identité et la liste des appelés, m'autorisa à poursuivre mon chemin. C'est ainsi que je fis connaissance avec la CHARENTE ! Enfin hors de la gare, il me restait à trouver l'arrêt du car CITRAM, qui devait me conduire d'ANGOULEME à ALLOUE et j'allais comprendre bien vite que je n'étais pas encore sorti d'affaire !
A suivre ....
CPA : collection privée
Photos :
Collection Annette MORINAIS (Sophie GUYOT et Annette TRILLAUD)
Collection Christiane PINOGE (Christiane THIAUDIERE et Annette TRILLAUD).
Collection Jacki FREMONT (Militaires de LA BRACONNE)
Remerciements à Christiane PINOGE et Jacki FREMONT
"L'OUILLETTE" Petite histoire d'un Parisien en Charente :






Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire