LES CONSCRITS
ET LA TRADITION
ET LA TRADITION
Conscrit, est le
mot qui qualifie toutes les personnes (hommes et femmes), nées dans une même
année ; les conscrits sont des jeunes hommes, réquisitionnés pour le
service militaire obligatoire, appelés tous ensemble sous les drapeaux pour y
faire leurs classes, l’âge de vingt ans est l’année de référence pour la "classe", en l’occurrence nos conscrits d’ALLOUE, de l’année 1958, sont
tous de l’année de naissance 1938, et ceux de HIESSE de 1903.
Chaque jeune homme, une fois recensé dans sa commune ; la
préfecture du département, effectue un recensement général, pour organiser le
conseil de révision, dont la date est fixée par une loi.
La tenue du conseil de révision a lieu dans la mairie du
chef-lieu de canton ; pour nos conscrits d’ALLOUE : CHAMPAGNE-MOUTON.
C’est un événement
important pour la vie des villages de tout le canton et dans la vie de tous les
jeunes, convoqués à la sélection.
Le conseil de révision comprend :
- le Préfet ou l’un de ses représentants
- des représentants du conseil général
- un officier Supérieur
- un sous-intendant
- le commandant du bureau de recrutement
- un médecin militaire
Le conseil de révision se déroule encadré par la gendarmerie
locale et en présence des maires des communes du canton, mais sans aucun
pouvoir de décision sur l’aptitude ou non des candidats au "Service Militaire".
Les jeunes recensés sont convoqués au conseil de révision à
l’âge de 18 ans et doivent se présenter au minimum 10 minutes avant l’heure de la
convocation.
C’est généralement à pied et en cortège, avec clairon, tambour et
drapeau, que les jeunes des communes du canton gagnent le chef-lieu.
Le conseil
de révision se déroule ensuite par ordre d’enregistrement du tableau de
recensement, les jeunes défilent un à un dans le plus simple appareil, devant
les représentants du conseil ; on écoute leurs observations et répond à leurs
interrogations. Contemplés dans les moindres détails, pesés, mesurés sous
la toise ( 1,54m obligatoire), vérifié la denture, la vue, les infirmités ;
tous attendent avec anxiété le verdict : <<bon pour le
service>>, ou pour les plus malchanceux <<inapte au service>>.
A la sortie, les jeunes conscrits, "bons" pour le service, peuvent se procurer, vendus par des colporteurs : une cocarde tricolore,
un ruban ou un chapeau, qu’ils arborent
avec fierté. Pour ceux déclarés inaptes, ce sont les quolibets qui les attendent
sur le parvis de la mairie.
<<Bon pour le service>>, mais aussi, disait-on
<<bon pour les filles>> ; et sur le retour, les plus hardis, cognent aux portes des filles à mariées et les plaisanteries (parfois pas
toujours galantes) mais de circonstances, des jeunes soupirants, font sourirent
les jeunes filles sur le pas de leur porte.
Jusqu’en 1946, date le leur fermeture, d’autres,
discrètement, quittent le groupe, pour rejoindre le lieu baptisé par nos Alliés,
Américains et Anglais <<the house
of the rising sun*>> pour y gouter le fruit défendu.
Au village, on attend avec impatience le retour de ses
gaillards et le résultat de l’aptitude de sa progéniture. Mais, nos conscrits
sont déjà, en proximité de la salle du conseil de révision, dans le premier
bistrot du chef-lieu de canton, où certains vont y prendre leur première cuite.
De retour au bourg du village, clopin-clopant, en fanfare, drapeau tricolore en
tête ; photos-souvenirs et festivités
s’organisent ; bal et repas
des conscrits, inaugurent les trois ou
quatre jours à baguenauder, accompagnés
des filles de leur âge, dans le bourg et les hameaux où sont attendus nos
héros, invités à de nombreux repas chez
l’un puis, chez l’autre**. Tard dans la nuit, la cocarde de travers, chacun
regagne son lit à rouleau, certains se satisfont d’un buisson pour se requinquer
pour la journée du lendemain.
Balle des conscrits de la "classe" 1932 - ALLOUE - Salle TRILLAUD |
Les mois suivants, on attend avec impatience et anxiété, son
affectation pour le régiment, départ d’une nouvelle vie pour tous ces jeunes
<<bons pour le service>>.
Le 9 Juillet 1965, loi Messmer : le service n'est plus « militaire », mais « national ». Les conseils de révision sont remplacés par les centres de sélection et les fameux « trois jours » à l’issue desquels sont déclarés <<bons pour le service>> ou <<inaptes>> les conscrits de l’année.
Les festivités des conscrits se prolongeront, plus ou moins, dans les communes, jusqu’à la fin des années 70.
A ALLOUE, c’est en 1974, que la dernière "classe" fêtera la conscription. En 2001, la fin du "Service Militaire obligatoire" est effective, suite à la décision de Jacques Chirac, de professionnaliser les armées.
* Maison close.
Les festivités des conscrits se prolongeront, plus ou moins, dans les communes, jusqu’à la fin des années 70.
A ALLOUE, c’est en 1974, que la dernière "classe" fêtera la conscription. En 2001, la fin du "Service Militaire obligatoire" est effective, suite à la décision de Jacques Chirac, de professionnaliser les armées.
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* Maison close.
** Au XIXème siècle, on effectuait son année de conscrit,
chaque occasion de réunir les gars de l’année était bonne : au premier de
l’an, de porte en porte, les conscrits souhaitaient les vœux et repartaient
avec quelques pièces après avoir goûté la gnôle ou le pineau maison ; quand
la famille d’un conscrit tuait le cochon, ceux de "la classe" étaient conviés à déguster le boudin, ainsi, à toutes les fêtes nationales ou
locales de l’année, le conscrit trouvait son compte.
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Remerciements à : Jean-Claude GUYOT, Jacques THIAUDIERE.
CPA : collection privée
Bal des conscrits de 1932 : collection, Jean-Claude GUYOT
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