Publication du 14 mars 2015
Raymond POIRIER, est né à ALLOUE, le 17 février 1927 dans la maison familiale de la VIEILLE RUE. Il y passe son enfance avec ses parents, Georges POIRIER et Anna (née MARCHADIER) ainsi que son frère Jean et sa sœur Marie-Claire.
Raymond POIRIER nous conte ici ses souvenirs d’enfance et d’adolescence de "sa VIEILLE RUE" dans laquelle il a toujours plaisirs à se ressourcer chaque année, au cours de séjours occasionnels et de visites à sa famille et ses amis ; délaissant quelques temps l'Ile de Beauté (où il vit aujourd’hui), pour son village natal.
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La "VIEILLE RUE" vue des toits |
RAYMOND POIRIER : ma "VIEILLE RUE"
Les bruits et les mouvements de mon enfance
Tout au bout de la rue vivotait
quelque part "la Marceaude", donc, je suppose une vieille Mme MARCEAU,
calme, effacée, faisant partie de ces indigents « à la charge de la
commune ». Son fils ou petit-fils Marcel ne se trouvait plus à ALLOUE au
temps de mon enfance, ayant choisi d’exercer les fonctions de garçon de café à
Angoulême. Je voyais cela comme une indéniable réussite car il savait circuler
en salle de terrasse portant à bout de bras, sans tout renverser, un plateau
chargé de verres, bouteilles, boissons diverses.
Quant à "la Constantine",
généralement terrée au fond d’un ténébreux couloir derrière chez les DEVERGNE,
je ne l’aurais pas approchée. Grande femme maigre au profil d’aigle et, bien
sûr, elle aussi vêtue de noir (plus ou moins déteint) elle s’avançait, parlant
toute seule assez fort et gesticulant. On disait qu’ « elle n’avait
plus sa tête », c'est-à-dire qu’elle était folle, terme porteur d’une
notion de phénoménal dangereux.
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Jean POIRIER |
Il y eut aussi – mais c’est loin –
les vieux "Saint-Jean" (un surnom sans doute, que j’ai
longtemps cru s’orthographier Singeant ou Cingent ou je ne sais comment).
C’était avant les CUSTODIO. Leur fils ou gendre Baptiste, partageait leur
réduit avec son garçon Narcisse CHARROUX que l’on a continué jusqu'à ces
récentes années à voir passer à ALLOUE avec son vélo. Il s’était retiré je ne
sais trop où, vers ST COUTANT peut-être, pour y vivre en solitaire dans une
sorte de tanière, la tête ornée d’une abondante chevelure.
Il me vient aussi à l’esprit l’image
floue d’un couple hébergé (en location) dans la pièce où vint ensuite finir ses
jours ma grand-mère maternelle Marguerite MARCHADIER, puis servit d’atelier à
mon frère Jean.
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Marguerite avec ses trois filles, Anna, Mimie, et Guite MARCHADIER |
Cette grand-mère restait calmement seule, souvent assise,
feuilletant de temps en temps quelque revue imagée ou "l’Almanach du
Pèlerin". Une voisine du quartier, Mme MALBET (la Malbette)
venait parfois lui rendre visite et faire la causette. Elle la tutoyait,
l’appelant, avec un léger accent, « Mareu-gueu-ri-te ». Il arrivait
que quelqu’un apporte à la dite grand-mère, un poulet ou un canard à plumer,
moyennant quelques sous. Je reviens au couple, composé de Maurice DIOT (enfant
du pays) et de son épouse ou compagne qui était Belge, ce qui m’intriguait, vu
son drôle d’accent traînant. Un jour l’explosion de sa lampe à alcool lui
endommagea le visage. Elle dut porter des pansements maintenus par un
enroulement de bandes Velpeau qui lui donnaient des airs de momie, me mettant
mal à l’aise (sachant qu’une momie est un mort).
En face de chez eux (actuelle cour de
Michel POIRIER) se dressait une pauvre bâtisse où demeurait le vieux Baptiste
CHAMBAUD. Un «beau matin » on l’a trouvé mort, tombé dans le foyer de sa
cheminée, donc brûlé et défiguré. Je ne l’ai pas vu mais j’ai été fortement
choqué, me représentant l’aspect qu’il pouvait présenter et imaginant sa
pénible agonie. (Réflexion faite, je me demande s’il ne s’agissait pas plutôt
d’un autre vieillard, le père (GERMANEAU.)
Raymond POIRIER
Août 2014
à suivre ...
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Raymond POIRIER vers 1938 en communiant |
Remerciements à Dominique RAPION.
Photos et document, famille POIRIER : collection Raymond POIRIER
CPA : collection privée
Raymond POIRIER, ma "Vieille Rue", souvenirs de mon enfance :
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